Autobiographie·Romans

Une femme – Annie Ernaux

Oui je l’avoue, je n’avais jamais lu aucun livre de cette autrice, et je ne commence pas par le plus connu ni le plus encensé ( pour info, c’est « les années ». Que je lirais si je le trouve à la bibliothèque…)

Ce que ça raconte :

Sa mère meurt, âgée, démente, et pourtant, avec un peu de surprise. L’occasion de revenir sur sa vie, avec ce deuil qui se fait en parallèle…

Ce que j’en pense :

Dès les premiers mots, dès les premières phrases, j’ai accroché à cette écriture. Simple, qu’elle voudrait neutre, et pourtant tellement poétique et émouvante. Ces quelques phrases, à peine une centaine de pages, qui nous font remonter toute l’histoire de cette fille d’ouvrier qui voudra toute sa vie échapper à sa condition, en devenant commerçante puis en investissant dans les études de sa fille – et quelle fille!- nous émeuve. L’autrice défend une démarche sociologique dans son écriture.

Étrangement, elle écrit des livres autobiographiques pour en faire un tout, qui parlera du monde, à tous. Et c’est formidablement bien réussi dans ce cas. Je disais que ma lecture précédente ne me parlait pas, trop éloignée de moi. Celle-ci, c’est moi, c’est nous. C’est la souffrance d’une perte, la souffrance de la personne âgée, c’est l’envie de fuir son monde tout en y restant, c’est l’alcool, les non-dits, et l’amour qui fait tout ce qu’il peut pour y prendre une petite place.

Bien sûr, nous n’avons pas tous perdu une mère, ou une sœur, bien sûr, nous ne connaissons pas tous cette souffrance d’être d’un milieu inférieur qui, même s’il fait tourner le monde, croit qu’il ne sert à rien, et bien sûr, certains se moquent totalement de ce qui s’est passé avant eux, et même de ce qu’il se passera après. Mais malgré tout, ces quelques pages vous donnent envie de connaitre l’histoire de ceux qui s’en vont, envie de donner un gros coup de pied dans les Ehpad, ou les longs séjours, et surtout, surtout, ne vous donne pas envie de vieillir. Parce que ce qui était il y a une trentaine d’années est toujours là. Oui ce livre date des années 80. Mais qu’est-ce qui a réellement changé depuis?

Je vous le conseille donc vraiment, une écriture magnifique, un récit qui vous prend au coeur alors même que ça n’est que la réalité de ce qui se passe pour des tas d’humains depuis des tas d’années, mais aussi l’envie de changer un tout petit peu notre vision, sur les autres, sur les vieux, et ceux qui partent…

Et  vous,

Vous avez déjà lu des livres de cette autrice? M’en conseillez-vous?

Informations :

Publication : 1988

Editions : Gallimard

Nombre de pages : 112p.

5 commentaires sur “Une femme – Annie Ernaux

  1. J’ai lu il y a longtemps les années mais j’ai eu l’occasion de mieux la connaitre grâce à 21 cm de Augustin Trappenard et je sais qu’elle correspondant à ce que j’attends de la littérature, d’une écriture. Je viens de me procurer La femme gelée et j’en parlerai sur mon blog dès la lecture finie. 🙂

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  2. Annie Ernaux a un style et une oeuvre de tout premier plan dans la littérature actuelle. J’ai beaucoup aimé « la place », « passion simple », « les années » et surtout « mémoire de fille » dont je parle longuement dans mon blog. C’est une éthique et une voix forte dans l’histoire et les idées à travers son oeuvre, livre après livre. Bonnes lectures

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