Témoignage

Une femme à Berlin – Anonyme

Ce livre était dans ma pàl (pile à lire pour les non-initiés) depuis que j’en avais entendu une chronique sur France Inter. Oui bon ok j’écoute France Inter mais je suis pas aussi vieille que j’en ai l’air, promis!

Ce que ça raconte :

Avril 1945, Berlin. La fin de la guerre est proche, très très proche. Et à Berlin, la fin de la guerre, c’est l’arrivée des russes. Et quand les russes arrivent, qu’on est une femme, et qu’on est à Berlin pendant ces quelques 2 mois très sombres, la vie ressemble plus à un enfer qu’à une fête de la libération. Et l’auteur nous raconte la faim, la peur, les viols, mais aussi la survie.

Ce que j’en pense :

C’est le genre de livre où il faudrait mettre cette chose à la mode, le « trigger warning ». Parce que soyons très clair, on y parle de viol. Pas un petit en passant, non non, l’es viols réguliers pendant les quoi, 15 jours de présence immense des russes dans la capitale allemande. 15 jours, ça parait court. 15 jours, c’est ce qui suffit aux femmes à Berlin pour vivre l’enfer et ensuite, se présenter aux autres en se disant « et toi? Combien de fois? ».

C’est un pan fascinant de cette histoire dont on parle peu. Parce que oui, pour nous, la libération c’est les photos des américains en char qui distribuent chewing-gum et chocolat, c’est les gens qui font la fête, et au pire, les femmes rasées et emprisonnées parce que fricotant avec les allemands à l’époque. Mais pour cette femme et toutes les autres, c’est plutôt un rouleau compresseurs qui leur passe dessus, pour bien finir le travail qu’avait amorcé cette guerre.

Pour autant, il n’y a pas que ça. Les viols ok, mais ce qui est central, c’est la faim. Et si on réfléchit, ce livre est fascinant du point de vue de la nature humaine, et illustre magnifiquement la pyramide des besoins de Maslow. Parce que dès lors qu’on a faim (et on parle d’une vraie faim, 300g de pain par jour et une soupe aux orties?), le reste est presque anesthésié. Je crois qu’en lisant ce livre, il ne faut jamais perdre ça de vue. Sinon on comprends difficilement le décalage entre ce qu’il se passe, et la façon de le vivre, de le raconter, et les choix faits.

Vraiment, ce livre est bouleversant, si l’on s’arrête à la première lecture des faits. Mais si l’on creuse un tout petit peu, on en apprend beaucoup sur les temps de guerre, le corps de la femme comme trophée, et la nature de l’humanité. Je suis heureuse de ne l’avoir découvert que maintenant, plus jeune je n’aurai peut être pas compris ce qu’il pouvait apporter de plus qu’un témoignage de la violence de cette époque.

L’auteur de ce journal n’a pas voulu que son nom soit connu à la publication. Elle est décédée depuis, nous connaissons désormais son identité, mais ça n’apporte pas grand chose à ce témoignage, je laisse donc l’anonymat dans mon titre. Parce que si c’est CETTE femme à Berlin, c’était aussi beaucoup beaucoup d’autres femmes…

Et vous,

Vous vous doutiez de ce qui s’était passé à l’époque? Vous l’avez lu ce témoignage, du côté du monde dont on parle peu à l’école?

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